Chroniques de Rickelheim

Les aventures de Babeth, Aya,et Emilio

A la recherche de TARA

Babeth n’a jamais froid aux yeux. Son ami Emilio, le fils unique de sa voisine Thérèse,un grand, il avait 2 ans de plus qu’elle, avec plein de capacités qu’elle n’avait pas encore, comme de voir , sans tabouret, les choses qui étaient restées sur la table de cuisine, de les attraper, pour qu’elle les renifle, les suce, les tripote, et lui demande à la fin, c’est quoi ? Avant de l’entraîner, sans attendre de réponse, dans d’autres aventures exploratoires, autour d’autre meuble de la nouvelle maison, dans les couloirs interminables, dans le grenier si haut, si vaste qu’on y voyait le clocher de l’église comme d’un avion dans les airs. Et surtout, aller dehors. Dehors, un univers immense, pour ses petites jambes de 5 ans. Dehors, avec Emilio, elle avait le droit, elle avait la foi.

Episode 1  Babeth et Emilio

Babeth adorait entraîner son ami et compagnon de jeux Emilio dans ses aventures exploratoires. La grande bâtisse familiale, avec ferme, étable, grange, ateliers, caves et friches laissées par les restes des démolitions ou bombardements constituaient un fabuleux terrain d’investigations pour les 2 mouflets laissés libres d’aller et venir dans l’enceinte du domaine dont les adultes leur avaient circonscrit l’usage sans se préoccuper vraiment de les surveiller, trop occupés à reconstruire ce pays d’après guerre où les hommes travaillaient 48h au moins, avec le dimanche au foot, les femmes et les mères, à la peine en cuisine, buanderie ou avec les bébés qui poussaient dans les jeunes ventres comme des champignons.

Alors le jeudi ou le soir après l’école, le grand Emilio de 7 ans avait mission de rester avec la petite Babeth de 5ans et demi, quand même ! Ils avaient trouvé un jeu, en principe interdi, avait rappelé Emilio à Babeth : aller au fond du domaine, après la grange-étable, là où …

Episode 2:                       Dehors…

Dehors, c’était la grande cour de ferme pas encore macadamisée, avec la petite maison en bois surmonté d’un toit de taule bâchée avec la toile enduite de goudron, que les amis américains avaient laissé traîner là. Dehors, d’autres gravats encombraient le sol, témoins muets de la vie avant, penandt et depuis la guerre, celle qui avait creusé ces trous dont il fallait se méfier, car c’était peut être des trous sauteurs. Dehors, où que les « vrais » grands peinaient à se débarrasser de ces restes dangereux, qu’ils préféraient oublier, occupés qu’ils étaient par les travaux de tous les jours, et par la reconstruction.

Dehors, c’était cette fantastique piscine d’eau, certes un peu grise, qui remplissait un carré de béton, et où, lui avait raconté Thérèse et mamama et d’autres encore, il y avait la baraque construite rapido après les bombardements, de 44, et quand les militaires sont venus au pas de charge leur monter ces maisons pour réfugiés-sur-place, qui n’avaient plus à bouger parce que la guerre était finie, l’Alsace redevenue française, hourra, mais qui n’avaient plus de maison non plus, la maison familiale détruite comme tout le village ou presque. Le village, il avait eu le malheur de se trouver le long du Rhin, juste là où il a fallu livrer bataille contre le méchant moustachu.Et les avions des amis américains avaient arrosé de bombes le village, un village qui ne ressemblait plus du tout à celui où les ancêtres de Babeth avaient grandi.

C’est ainsi que pendant quelque temps, plus personne ne sait combien exactement, tellement de papiers avaient brûlé, et des mémoires défaillaient encore pas mal, la famille de Babeth, coté paternel, avait été « réfugiée de l’intérieur », on les appelait alors des « sinistrés ». Grâce à quoi, 10 ans après le déluge des bombes, le grand père avait obtenu les dommages, ce sont des sous, les dommages, qui enfin permettaient la construction de la nouvelle maison, grâce à l’argent du ministère de la Reconstruction.

Entre temps, le grand père avait, dans l’euphorie de la paix retrouvée, de la solidarité citoyenne, cédé à la Mairie le terrain de devant, qui fait , depuis, une si jolie place du Général De Gaulle, qui résonnait chaque année de son enfance des chants des Partisans et des discours de l’entente franco-allemande…

Episode 3          la nouvelle maison et les petits délices à lécher

  

Les nouvelles,et belles maisons qui maintenant bordent la place sont toutes modernes, avec l’eau courante, wouah, et les cabinets blanc-propres, et des salles de bains à part, avec un chauffe eau pour le bain du samedi : le vrai confort bourgeois, comme chez les les seigneurs les Herren. La maison de Babeth était la plus grande. Elle n’était pas finie-il y manquait la peinture, on y voyait les briques, bien solides, bien rouges, fabriquées à Soufflenheim. Le grand père avait prévu 3 appartements , à part, pour lui, son fils, sa fille et elurs familles. Et, au rez de chaussée, l’épicerie de la grand mère. La ferme, les bêtes, les machines dans des batisses à part, c’est plus hygiénique. Tout neuf, tout confort, donc, bien que les briques ce ne soit pas la noblesse des pierres de granit des Vosges des 2 vieilles fermes à l’ancienne des hobereaux, épargnées par les bombes de la délivrance.

Babeth s’en fichait, l’univers de son monde à elle était déjà assez vaste pour exciter sa curiosité . Juste à coté, à l’avant de la cour, restaient les fondations pas comblées de l’ancien « HolzHiesel » avec des restes de « sinistrés mäwele » en sapin , mal fait pour le menuisier sourcilleux qu’était mon grand père (il y avait des « oeils » dans le bois de planche, et il était trop jeune ce bois, il allait se gondoler.

M’enfin, ils y ont été à l’abri, bien mieux que les soldats sous tente bâchés de toiles de goudron, qui sentait fort. Et Babeth y trouvait matière à s’émerveiller. La cour c’était un espace du Dehors plein de traces et de mystères, traces d’avant leur vie, d’avant leur histoire à eux.

Certes,explorer la nouvelle bâtisse avait ses charmes. Surtout l’épicerie, coté comptoir à bonbons, carambars et « schnecke », ces drôles de coquillages ronds, blonds et dodus,un peu striées comme des ridules de sable sous la brise, remplis de sirop durci , vert menthe ou rouge grenadine. On enlevait délicatement le film transparent qui les protégeait, et puis, on tirait la langue pour lécher la surface lisse,la langue devenait rouge ou verte, c’était drôle.. et appétissant. On léchait, on se remplissait les papilles de saveurs sucrées. Et puis il fallait arrêter, alors on fourrait la coquille dans la poche du tablier, où elle collait le fond attrapant des minuscules bouloches de coton.Qu’il fallait méticuleusement enlever avant d’entreprendre une nouvelle session de léchage de sucre.

Episode 4                                       L’appel du dehors

Certes, au bord le l’espace du dehors, il y avait les autres batiments, la grange, l’étable, la Buddik, et cette drôle de construction mi- ancienne mi moderne, avec une entrée de cave traditionnelle, où paraît-il on se cachait pendant les évènements LESEVENMENTS, pendant longtemps Babeth avait cru que c’était un seul mot pour dire un monstre, un géant, une chose inimaginable.

Ces autres bâtiments étaient interdits aux enfants. La grange parce que c’était un espace immense, aussi haut du sol au toit que l’église ou l’abbatiale de Marienthal. Même Emilio regardait le faîte du toit, d’où pendait le treuil pour l’élévator à bottes de foin, avec respect pour la distance qui donnait le vertige. Il avait 7 ans, l’âge de raison. Pas Babeth. La petite fille, vive comme l’argent,se tournait vers son grand copain, portait son pouce vers ses lèvres, avec une moue malicieuse, des yeux angélique, : « tu as peur ? »

Non, non, mais… Sans attendre, Babeth lui prend la main, et l’entraîne vers le treuil, puis non, bifurque. Ils courent entre les poules de la basse cour, en effraient quelques unes, et hors d’haleine, se retrouvent plus haut, près du soupirail de la cave traditionnelle. La CAVE interdite. Celle où ; un autre jeudi, ils avaient gouté au vin, ce liquide rouge apprécié des hommes et q’ils avainet recraché avec dégoût. On y retourne ? Pour aller plus loin, après le cellier, tu sais, là où…..

Episode 5 Explorer la cave

Les enfants s’escriment sur les 2 ventaux en diagonale. Ils sont lourds , ils s’y mettent à 4 menottes, soufflant, jous gonflées et rouges sous l’effort.Dommage qu’Aya ne soit pas là. Rien ni personne à droite, ni à gauche, Han Ho. Un vantail se soulève, les mômes descendent les marches, se fondent dans le noir; Babeth prend la main d’Emilio dans la sienne. Ils avancent à tâtons dans un noir d’encre. Ils avaient oublié à quel point . Un noir oublié de nos jours où l’éclairage public permanent et les rayons bleus des écrans multiples palissent les heures nocturnes.

Oh, deux yeux les regardent là à droite, un rat-des champs, avec de belles moustaches -mais ..beuark. Les deux enfants se serrent l’un contre l’autre.

ZziZZZZI, quelque chose court sur le gilet côtelé d’Emilio, araignée, cafard , chauve- souris ?Les 2 enfants avancent à pas comptés, et chuchotent : Milio, la porte du fond, après les bouteilles de vins, tu te souviens de ce qu’en racontait Tante Catell ? Ouf, une lueur venue du 2ème soupirail grillagé vient mourir sur le verre des bouteilles couchées sur la paille des étagères. Les enfants écarquillent les pupilles : des vins, des vins, couchés par dizaines. Mais quel intérêt les hommes trouvent ils à boire ce truc rouge plus foncé que le sang, plus aigre que le lait fermenté, plus épais que la limonade, et aussi savoureux que la véganine écrasée dans de l’eau bouillie prise par la grand mère contre ses maux de tête!!!Babeth et Emilio pouffent nerveusement en se rappelant leur dernière équipée dans le cellier, quand ils avaient chipé une bouteille et goûté. Beuark !! Ils sont fous ces adultes, d’interdire ce breuvage aux enfants : on n’en veut pas, pouah.

L’exploration continue, vers la vieille porte bardée de fers cloutés. Contourner un amas un peu gluant, un nid de chenilles ?Trouver l’angle , à droite, où plus personne ne va, depuis que….

Episode 6                                    Devant la porte close

Depuis que Tara, la fille aînée, la tante d’Aya s’en était allée, Pfouitt, disparue, nada, pas de nouvelles, rien, pas d’adresse, pas de lettre. Rien de Rien.Un blanc, le néant. D’ailleurs on ne prononçait plus son prénom, à Tara. Babeth ne s’en rappelait que parce Milio, lui l’aimait bien. Elle lui lisait des histoires, des histoires de chevalier et de voyages quand Babeth en était encore au biberon. C’était l’époque des baracke Hiesele, l’une à coté de l’autre. Tara lui parlait aussi, d’un prince qui venait parfois à la fenêtre de la chambre. A ces moments là, Emilio, s’endormait très vite , avant la fin de l’histoire, fasciné par la pierre colorée agitée par le jeune homme sous son nez.

Et puis Tara avait disparu. La pierre mystérieuse aussi. Depuis que Babeth avait entendu les confidence de son Milio, çàd depuis 3 mois, elle le taraudait pour retrouver cette pierre mystérieuse, qu’elle avait nommée la pierre du « sommebéat ».Ils avaient cherché d’abord dans la chambre des 2 mamans, avec qui Tara avait dormi ces années de chantier ; Rien, Puis dans les ruines du BarackeHiesele. Rien. Puis dans la petite maison-WC, le « Schiesshiesele, dans la remise à coté des toilettes. Rien. Et puis, il y a eu ces mots de la tante Catell sur la vieille cave conservée depuis le nouveau chantier, et sur les fondations de laquelle on avait reconstruit en partie la « Buddik »et son bric à brac.

Episode 7 La porte du fond

Et au fond, cette vieille porte condamnée. Une vraie porte de prison. Ils n’arrivaient pas à l’ouvrir, pas même à la secouer un tout petit peu. Babeth repéra une fente dans une planche supérieure. Emilio lui fait la courte échelle, elle colle son oeil dans la fente .et VOIT… Rien, d’abord, du noir, encore du noir.. ; Et puis, un rayon jaune frappe sa pupille. Babeth crie, Emilio lâche la prise, les 2 enfants s’écroulent sur la terre battue devant la porte. Ouille, c’est dur, tiens, la dessous aussi, il y a un interstice… Par où passe le rayon jaune. Les 2 enfants essayent de le toucher du doigt, mais les doigts traversent le rai lumineux, sans l’attraper, ni le casser. Le rayon Jaune garde son mystère.

Il allaient se relever encore endoloris et ébahis de leur escapade lorsque le rayon jaune s’arrête au bas de la porte, près du gong fixé dans un moellon gris à moitié rongé par le salpêtre. Entre les poussières de pierre, le rayon y souligne 4 lettres gravées T. A. R.A.. Qu’est ce que cela veut dire ? Babeth et Milio se relèvent, fatigués et intrigués à la fois.

Episode 8                               La poignée d’orties

Quand vient du dehors, une voix exacerbée , « petits chenapans, vous avez encore été dans la cave interdite ! Allez sortez, que je vous apprenne à obéir !! » Cette voix !

C’est Thérèse , la maman de Milio, on ne résiste pas à la grande résistante que tout le village salue en y achetant son journal.. Il ne leur reste plus qu’à sortir penauds, par où ils étaient entrés. Devant le vantail de cave largement ouvert, Thérèse, les mains sur les hanches, les attend de pied ferme, avec dans la main gauche une poignée d’orties. Oh là là Il allaient avoir la fessée bio-urticante, celle qui va leur exciter les sangs pour leur calmer l’excitation de leurs esprits trop curieux…

Thérèse s’assied sur la chaise de vannier toujours adossée contre le mur de la buddik , leur fait signe de venir grimper sur son giron. La rançon de la liberté va rougir leurs fesses.

Heureusement, ce n’est pas la ceinture du grandpa ou le martinet à noeud de la mère Monique. Les enfants crient et pleurent, mais, c’est à cause des orties, pas de la main de Thérèse qui reste calme dans l’exercice de son autorité de mère moderne et solidaire.

Elle sait que,demain, ils recommenceront. Quand même. Mais avec plus de plomb dans la tête. Parce que les questions sensés cherchent des réponses.

« Thérèse, hoquète Babeth entre 2 coups d’orties, » Elle est partie où, Tara ? Dans un ciel qui est sous la cave ? » Il faudra qu’elle demande à Aya et à sa famille.

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